mercredi 26 septembre 2012

Le Silence de la mer, Vercors

Petits détails : 


Vol  n° 187p
Destination : En France sous l'occupation
Descriptif : Hiver 1940, la France est défaite. En province, dans une ancienne demeure, un vieil homme et sa nièce voient une partie de leur habitat réquisitionnée pour héberger un officier allemand. Lors des veillées, dans la grande cuisine, seule pièce chauffée, au coin de l’âtre, l’officier leur rend visite et essaye d’établir un contact. Enfermés dans leur mutisme, les deux hôtes écoutent sans mot dire. De long monologues sur l’amour des peuples, la coopération, l’admiration de la culture française émanent de cet homme fin et cultivé, musicien de profession. Il croit à l’avenir d’une Europe unifiée où chacun respecte l’autre et y apporte son particularisme. Il croit en la pluralité des cultures et des idées. En face de lui, seul le silence lui répond.



Mes Impressions sur le voyage : 


Il y a une dizaine de jours, mon professeur de français nous présentait notre première séquence de l'année intitulée "Les luttes contre l'injustice", il nous conseillait par la même occasion quelques lectures cursives, dans cette liste figurait le recueil de nouvelles Le silence de la mer de Vercors. Il devait nous permettre je cite "de vous interroger sur la notion d'héroïsme, de manichéisme et sera facilement réutilisable dans vos dissertations". Pour terminer, il nous résuma rapidement la nouvelle éponyme du recueil. Et là ça a fait tilt dans ma tête : je connais cette histoire, je l'ai vu adpaté au cinéma ! En effet en me rappelant bien, j'avais regarder ce film un soir chez moi et j'avais énormément pleuré devant. Ni une ni deux à la sortie de mon cours, je filais emprunter le recueil au CDI.

Et là le choc...
Ce n'est pas exactement (même pas du tout) la même histoire que j'avais regardé à la télévision. Bon vous allez me dire que c'est toujours comme cela avec les adaptations mais là franchement je suis choquée, en bien je vous rassure !
Que je vous explique, dans le film, un grand père et sa petite fille voient leur maison réquisitionnée pour héberger un soldat allemand pendant l'Occupation. Comme dernier rempart à l'envahisseur, la jeune fille décide de se taire. Ainsi pendant tout le séjour du soldat elle n'ouvrira pas sa bouche, ne lui adressera aucune parole. L'allemand est cultivé, musicien et très beau garçon, il regrette cette guerre, et rapidement la jeune fille va tomber sous le charme. Un charme d'autant plus réciproque qu'elle jouait magnifiquement bien du piano avant son arrivée. Maintes fois il va la supplier de jouer quelques notes pour lui, son grand père se joindra à cette supplication craignant pour la vie de sa petit fille. Elle n'en fera rien jusqu'au jour où elle apprend qu'un attentat se prépare  contre la troupe de "son" allemand. A partir de cet instant, elle tenta de lutter contre ses sentiments. Mais au moment de voir partir le soldat vers son funeste sort, elle ne put se résoudre à le voir mourir et se mit à jouer le plus beau des morceaux, l'allemand l'entendit, comprit qu'il se passait quelque chose de grave mais sa voiture démarra, ils eurent juste le temps de comprendre que leur amour était impossible mais véritable avant que le véhicule n'explose.
Voilà pour le film...

Dans la nouvelle c'est un drame légèrement différend qui se noue. Prenez les mêmes protagonistes, la même arme muette et le même dilemme mais oublier la musique enfin l'amour réciproque de la musique. 
C'est une femme forte et déterminée qui se dessine sous la plume de Vercors, une jeune fille qui d'un regard fera comprendre à son grand père que se taire est leur dernière liberté.
Une demoiselle partagée entre ses sentiments et ses idéaux, car le silence se révèle bien plus lourd  bien plus pesant quand en face de vous s'élève la voix élégante d'un brillant jeune homme blond. Un homme que vous rêviez de rencontrer avant la guerre mais qui là vous apparaît en tant qu'ennemi.
Un soldat ennemi mais avant tout un homme. Est-ce si simple de faire la part des choses ? Peut-on si facilement oublier l'uniforme et découvrir impunément la personne qui se cache derrière ? Non ce n'est pas simple, c'est même quasiment impossible.
Encore moins si la personne qui est censé être votre adversaire, ce révèle un fervent admirateur de votre patrie. Un amoureux de la France en l’occurrence . 
Werner, c'est ainsi que se prénomme le bel allemand, voue une profonde admiration à la France et à tout ce qu'elle représente. La littérature en particulier. Le passage où il effleure un à un les livres de la bibliothèque de ses hôtes, en citant avec un profond respect nos grand auteurs, restera à jamais graver dans mon esprit.


Tout comme ce silence. Le Silence de deux opprimés, à qui l'on a tout pris, et qui sacrifient leur dernières forces pour signifier que malgré tout on ne leur enlèvera pas leur Liberté.
Un silence tellement fort et tellement puissant, que vous ne pouvez que pleurer de rage face à cet ultime combat, pleurer et admirer cette jeune fille. Une demoiselle qui s'efforcera de ne pas aimer car elle se convaincra qu'aimer ainsi c'est collaborer.


Je vous le dis simplement, trouvez ce livre, ouvrez le, pleurez si vous le voulez, refermez le et ne n'oubliez jamais.
Oublier c'est effacer l'histoire, eux se sont battus avec un silence, nous nous avons une voix pour leur rendre hommage et pour ne pas qu'un jour il ne nous reste plus que le silence à nouveau. 

Extraits du voyage : 

"On ne peut pas dire qu'il rompit le silence, ce fut plutôt comme s'il en était né."

"Je suis heureux d'avoir trouvé ici un vieil homme digne. Et uns demoiselle silencieuse. Il faudra vaincre ce silence. Il faudra vaincre le silence de la France. Cela me plaît."

"Les Anglais, reprit-il, on pense aussitôt : Shakespeare. Les Italiens : Dante. L’Espagne : Cervantès. Et nous [les Allemands], tout de suite : Goethe. Après, il faut chercher. Mais si on dit : et la France ? Alors, qui surgit à l’instant ? Molière ? Racine ? Hugo ? Voltaire ? Rabelais ? Ou quel autre ? Ils se pressent, ils sont comme une foule à l’entrée d’un théâtre, on ne sait pas qui faire entrer d’abord."

L'auteur : 


"Un écrivain qui résistait" ou un "résistant qui écrivait". La question ne se pose pas pour Vercors qui "devient" écrivain, résistant et éditeur par le même engagement, en publiant aux Éditions de Minuit, qu'il crée avec Pierre Lescure (1942), une œuvre de résistance au nazisme : Le Silence de la mer, roman qui marque l'entrée en littérature de Jean Bruller, dit Vercors. Un peseudonyme su’il choisit en hommage au célèbre maquis du massif du Vercors.


Les avis des autres voyageurs sont ici.



11 commentaires:

  1. Ohhh encore un livre que je dois noter en lisant tes critiques!!!

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    1. Voui notes, notes ! Tu devrais le trouver à la bibliothèque celui là c'est un grand classique, il faut l'avoir lu une fois dans sa vie !

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  2. Challenge réussi, bravo!
    Tu m'as donné envie de le lire :)

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    1. Merci !
      Franchement il faut t'y mettre, il vraiment superbe ce recueil et puis si tu n'as pas le temps de lire toutes les nouvelles, contentes toi du Silence de la mer et de l'Imprimerie de Verdun !

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  3. Je l'ai lu il y a longtemps, mais il est encore très présent dans ma mémoire, un texte magnifique!

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    1. Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.

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    2. Ou, en effet c'est un texte très marquant. Il risque de rester longtemps dans ma mémoire également...

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  4. J'ai très envie de lire cette nouvelle et de voir le film (je vais essayer de le trouver). Merci pour cette découverte :-)

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    1. Mais de rien Biblimi ! J'espère que tu auras un coup de foudre tout comme moi pour cette histoire...

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  5. Je vais le prèsenter dans 2 jours pour mon histoire des Arts il ya de tres belle infos merci beaucoup bonne continuation

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